L'art baroque, né en Italie à la fin du XVIe siècle à la suite du Concile de Trente (1545-1563), s’étend rapidement à tous les pays catholiques d’Europe et aussi d’Amérique du Sud, grâce à la colonisation espagnole. La Ligurie est envahie par la vague baroque, alors que la France, fidèle à son classicisme, la refuse.
Mais depuis 1388, le comté de Nice, Monaco, et Menton, font partie de la Maison de Savoie (Turin étant la capitale), et sont ainsi soumis à l’influence baroque. Dans le Comté de Nice, la route du Baroque remonte jusque dans les hautes vallées de la Vésubie, de la Tinée et de La Roya ; sur le littoral, elle suit les trois corniches de Nice à Menton, en passant par Villefranche sur Mer, Èze ou La Turbie ; dans Nice, c’est le Vieux-Nice historique qui offre un patrimoine baroque inestimable, avec ses palais et ses édifices religieux.
À l'origine, simple chapelle des Jésuites, le Gesù a servi de modèle à toutes les églises baroques de Nice et de sa région.
L'église vue du ciel.
À partir du XVIIe siècle...
Originellement, il y avait une chapelle de couvent, dite la “Chiesetta” : commencée en 1612 et dédiée au Saint-Nom-de-Jésus et à Saint-Just, située au nord de l'église actuelle.
L’église du Gesù fut commencée 1642 sur commande de la Compagnie de Jésus (Jésuites), y établis en 1606. Elle fut à Nice la première manifestation de l'art baroque, et servit d'exemple à la révolution architecturale qui allait bouleverser la ville en cinquante ans. L’église du Gesù fut achevée avant 1696. Les Jésuites seront expulsés de Nice, en 1774, du fait de la dissolution de leur ordre, ce qui fait que les “touches” jésuites à l’intérieur de l’église sont plutôt rares…
La façade.
Embellie au XVIIIe siècle, l’église ne reçut sa façade actuelle qu'en 1825 : nous pouvons d’ailleurs y voir nettement des traits néo-classiques, singulièrement dans l'encadrement des fenêtres. La voûte de la nef décorée au début du XIXe siècle, semble-t-il, sur des dessins du peintre niçois Trachel : plusieurs motifs classiques y sont figurés, ils illustrent divers épisodes de la vie de Saint Jacques-le-Majeur, aux côtés de Notre Seigneur Jésus-Christ.
L'intérieur de l’église est décoré à profusion, afin de répandre dans l'esprit des fidèles l'idée de la gloire de Dieu. On notera en particulier l'abondance des représentations d'anges (plus de 160) destinées à manifester l'amour de Dieu omniprésent.
Depuis le XIXe siècle...
Détail des voûtes.
L'église du Gesù reçut, en 1802, le siège de la Paroisse Saint-Jacques-le-Majeur (charge curiale et titre).
La première église paroissiale Saint-Jacques fut érigée en 1493 et sera tenue par les R.P. Bénédictins puis les R.P. Carmes qui seront chassés par la Révolution, en 1793 (l’église deviendra dépôt de sel). La chapelle –car elle a perdu son titre d’église en même temps que le titre paroissial– sera rouverte au culte en 1806 après avoir subi une grande restauration ; cette chapelle est aujourd’hui l’Annonciation-Sainte-Rita, chapelle desservie par les Oblats de la Vierge Marie, installés de 1835 à 1906 et réinstallés 1946.
Ci-dessous, une photo de l'intérieur du Gesù (vers 1950), apprêté pour l'Exercice des XL-Heures :
La charge curiale, ainsi que le titre de Saint-Jacques-le-Majeur, est aujourd'hui encore confié au Gesù mais regroupée à celle de la Cathédrale Sainte-Marie-Sainte-Réparate, de Saint-Martin-Saint-Augustin, sous le titre de Paroisse Saint‑Jean‑XXIII.
Le clocher.
De l’ancien couvent et du collège de la Compagnie de Jésus ne restent aujourd’hui que la cour intérieure [qui servait de puits de lumière] et qui accueille aujourd'hui le “Béthel” de la pastorale du tourisme, de quelques dépendances qui abritent diverses pièces de rangements, et de “La semeuse” (Accueil de loisirs et Espace Jeunes de la Condamine), ancien patronage paroissial.
Découvrez le Gesù en vidéo...
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Notre Dame du Malonat
Oratoire Notre-Dame du Malonat.
L'Oratoire de Notre Dame du Malonat, situé au sommet de l'Impasse du Malonat (vestige de l'ancienne route pavée qui montait au château), protège une statue de Notre Dame du Bon-Secours, y installée en 1854 pour remercier la Madone de son intercession en faveur des habitants du Vieux-Nice, menacés par le fléau du choléra.
À la fin de la Seconde guerre mondiale, les habitants renouvellent leur dévotion en apposant un ex-voto remerciant Notre-Dame de les avoir protégés des bombardements.
Le cimetière du Château
La chapelle Sainte-Trinité du Cimetière.
Dans la sensibilité méditerranéenne marquée par le faste et l’ostentation baroque, les cimetières occupent une place patrimoniale particulière, renforcée par une approche particulière de la mort. En Italie, les cimetières monumentaux de Gênes ou de Milan constituent de véritables résumés, et de l’histoire des mentalités, et de l’histoire de l’art. Il en va de même à Nice.
Il semble qu’avant l’âge baroque, les Niçois ont enterré leurs morts dans des cimetières de la ville basse (l’actuel Vieux-Nice). Deux d’entre eux ont été localisés : le cimetière Sainte-Réparate (site de l’actuelle place aux Herbes) et le cimetière Saint-François (site de l’actuelle partie nord de la place Saint-François). Pour autant, dans le souci de se trouver au plus près des espaces les plus sacrés, et donc de Dieu, des sépultures ont aussi lieu dans les églises, singulièrement pour des grands personnages.
L’âge baroque va multiplier la possibilité de sépulture dans les églises, d’autant que le cimetière urbain de Sainte-Réparate disparaît (en 1588). L’ensevelissement des morts dans les églises niçoises est à la source de leur très riche décoration : pour répartir les coûts de construction, les commanditaires des bâtiments que l’on réédifie entièrement alors, dans le nouveau style baroque, vendent à des particuliers ou à des corporations les chapelles latérales de l’édifice, avec la faculté pour eux d’y enterrer leurs morts (telle la chapelle des Saints Crépin et Crépinien du Gesù, chapelle corporative des cordonniers et chapelle particulière des Barli-Fabri, 1710). Dans une émulation propre aux mentalités de ce temps, les propriétaires vont rivaliser de luxe pour rendre leur chapelle plus belle que celles de leurs voisins. Quant aux autres, ils sont enterrés dans la fosse commune, sous la nef.
L'Ange au jour de la Résurrection.
En 1783, un édit du roi de Sardaigne Victor Amédée III défend d’ensevelir les cadavres dans les églises, tant urbaines que rurales, l’interdiction ne s’appliquant pas aux clercs. Il s’agit alors de trouver un nouveau site pour établir un cimetière. La colline du Château, un terrain vague depuis la destruction de la citadelle (en 1706) s’y prête parfaitement, tandis que d’autres champs funéraires trouvent place auprès des paroisses de la campagne (Saint-Roch, Saint-Pierre d’Arène, Saint-Étienne, Sainte-Hélène, Saint-Barthélemy, Cimiez, Gairaut, et les collines). Le cimetière chrétien du Château est donc ouvert après 1783. Quant au cimetière juif, qui se trouvait en contrebas de la colline, hors les murs, vers le site de l’actuelle rue Sincaire, depuis le Moyen-âge, il fut déplacé à la même époque pour se voir installé au sud du cimetière chrétien. Plus tard, au début du XIXe siècle, afin de ne pas perdre la clientèle des riches hivernants, le roi de Sardaigne Victor-Emmanuel Ier autorisa l’aménagement d’un cimetière protestant (rue de la Buffa, toujours visitable).
Les cimetières du Château sont les plus spectaculaires de Nice tant par leur situation que par le nombre de monuments funéraires de qualité qui s’y trouvent. Ils furent établis sur la base des murailles de la partie “moderne” de la citadelle, érigée au XVIe siècle et dont on peut voir des vestiges à l’extérieur, à l’est du site, dans les soutènements de la montée Eberlé. Un système de terrasses permet une répartition des tombes très aérée, ménageant de spectaculaires échappées panoramiques sur la ville, la mer et le cirque de montagnes qui l’entoure.
Les pleureuses.
Le cimetière chrétien du Château présente aussi la particularité d’unir dans son enceinte plusieurs groupes nationaux, religieux et sociaux. Il est à la fois le cimetière du petit peuple du Vieux-Nice, celui des grandes notabilités politiques et sociales de la fin du XIXe/début du XXe siècle et celui des communautés étrangères formées par le tourisme hivernal (Russes, Polonais, Allemands, Anglais et Américains). De ce fait, on y trouve des tombes catholiques, mais aussi protestantes et orthodoxes.
Les plus anciennes tombes (première moitié du XIXe siècle) sont de style néo-classique. Elles s’inspirent des sarcophages romains. On remarque aussi des chapelles parfois de même style, ou le plus souvent néo-gothique. Toutefois, les plus nombreuses et les plus remarquables sont d’influence ligure. Elles allient lyrisme déclamatoire et réalisme minutieux. Bustes ou médaillons sculptés représentant les défunts, croix, anges, motifs symboliques comme l’ancre, signe d’espérance, les torches renversées, le lierre ou la fleur de pavot font de ces jardins de pierre un véritable musée à ciel ouvert.
La Cathédrale Sainte-Marie-Sainte Réparate
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L'église Saint-Martin-Saint-Augustin
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Les autres présences religieuses...
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